pherine - Perception erronnée

Perception erronnée

Un sentiment d’inquiétude m’envahit… Une pensée me frappe l’esprit. N’employons-nous pas les mots bien trop facilement pour qualifier nos émotions et nos sentiments ? Ces sensations que nous décrivons par ces paroles échappées sont-elles réellement ce qu’elles laissent entendre aux oreilles des autres.

On dit « c’est terrible » mais prenons-nous conscience de l’ampleur de l’horreur ? Ressentons-nous exactement la situation qui se présente ? On fustige la misère, on crie à l’injustice, on plaint ces hommes errants. Mais avons-nous conscience de tous les facteurs qu’implique un tel état ? Je n’ai jamais connu la faim qui déchire les entrailles, qui me réveille en pleine nuit hurlante, affaiblie, du moins pas cette faim subie, je me la suis moi-même imposée. Je n’avais qu’à tendre les bras pour y remédier. Mais ceux et celles qui n’ont fait ce choix et subissent cette torture qui rappelle combien cette nécessité est vitale. La soif, le froid dévorant… Impossibilité à se réchauffer pendant des heures, des jours… à en mourir.
La peur… la peur née d’un état de guerre permanent. Cette survie de tous les jours, cette ville où les armes foisonnent, les cadavres jonchent le sol, les torrents de sang déversés dans le caniveau et les pas des enfants dans cette mer humaine en décomposition… Le bruit des balles sifflantes, hurlantes, les râles des vies s’éteignant, les yeux apeurés des mamans, le regard hagard des pères, leur honte à ne plus savoir protéger leur famille. Ces corps mutilés, ces blessures tracées à vif sur le cœur… La perte de confiance, de valeurs… Une anarchie telle… La loi du plus fort…Et cette petite fille qui joue à côté du corps froid d’un autre enfant de son âge. Ses yeux ne le voient plus, ils ne se posent que sur le nounours tâché qu’il sert encore dans ses bras. Elle devient avide de ces choses matérielles qui lui manquent cruellement. On ne lui a appris que ça. Elle est née dans ce marasme… Comment se construira t-elle… déchéance de l’âme humaine…
Si loin, le ressentons-nous au plus profond de nos entrailles ? L’homme est égoïste, telle est sa nature. On se plaint facilement de maux infimes. On fait une bonne action pour se donner bonne conscience et on retourne à notre cortège de besoins plus ou moins futiles. Je me jette la pierre la première. Ni bonne, ni mauvaise, égoïste certes puisque c’est ma vie… tout tourne autour de moi et c’est normal puisque je suis l’actrice principale. Tantôt légère, tantôt austère… Le ton diffère, plus grave, plus réfléchi entre deux ou trois délires… Entre trois, quatre rires… Peut-être parce que je gagne en stabilité que je me permets de tourner mon regard sur d’autres horizons moins beaux… Moments de faiblesse et je retourne à mon univers de rêves… Une bouffée d’oxygène… Capacité à gérer. Répondre à mes besoins.

Ecrit par pherine1, le Dimanche 23 Novembre 2003, 02:35 dans la rubrique "Quand le coeur s'emmêle".

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Commentaires

Humaine

Vendredi

23-11-03 à 03:09

Tu es tout sauf egoïste, Phérine. Si tu était en permanence intéressée par ta personne, la seule pensée d'écrire cet article ne t'aurait pas effleurée. Comme moi, comme d'autres que nous croisons ici, tu rêves d'un monde meilleur, tu aimes l'art, les belles pensées et les belles choses. Tu as l'intelligence du coeur, qui est la meilleure des intelligence ! Je t'embrasse !

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Gamin

23-11-03 à 04:16

Entièrement d'accord avec Vendredi, qui a su mieux que moi dire la même chose... Tu es humaine, c'est tout... mais certainement pas égoïste !!

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sniff sniff...

liloupop

23-11-03 à 21:22

Ma Fée-Ryne, ma grande...

Je suis tout à fait d'accord avec Gamin et Vendredi, donc pas la peine de revenir là-dessus.

En commentaire, voici un texte que j'ai écrit dans mon ancien journal sur le Web.
Plein de gros bisous, ma généreuse amie ;o)

"Liloupop croit que tout le monde se fout de ce qu'elle ressent, elle souffre dans ce putain de monde individualiste de merde où tout le monde se fout de tout le monde. Parfois, Liloupop a envie de se barrer à Calcutta pour soigner les lépreux, même si elle ne supporte pas le sang, la merde, la souffrance et le malheur et la pourriture de ce monde dégueulasse. Liloupop a parfois honte de ses chagrins dérisoires à côté de tout ce qu'elle voit avec ses yeux, ses globes occulaires de myope et les yeux de son cœur, parfois bien aveuglés par ces petites contrariétés qu'elle prend pour des catastrophes. Elle a parfois des éclairs de lucidité, elle souffre et se révoltes pour les gens malheureux, qui vivent plein de trucs terribles qui font des trous plein la tête."

Publié le 17 juillet 2003 dans "Liloupop's requiem" sur www.journalsecret.com

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Epsilon

23-11-03 à 22:24

Je confirme, on ne peut pas taxer d'égoïste quelqu'un qui regarde un peu autour de soi, comme vous...mais, pour revenir au sujet, je pense que cet égoïsme n'est pas forcément viscéral mais qu’il naît aussi de la perversité de la banalisation; et cette banalisation tient au fait que finalement, nous sommes, au niveau individuel, bien démunis et incapables de traiter les problèmes à leurs sources et dans leurs intégralités. Au travers de ce vous appelez "de bonnes actions pour se donner bonne conscience", on ne fait que poser des rustines au rythme des poseurs de bombes, au rythme de l’accroissement des disparités économiques et sociales, au rythme d’intérêts obscurs; ce n'est évidemment pas critiquable et c'est même nécessaire en terme de dignité humaine, mais cela ne résout rien. Je n’ai pas de solution miracle, mais il me semble que seule une politique volontaire peut orienter la destinée d’un peuple ; il faudrait pouvoir faire davantage pression sur les décideurs et pour ce faire, se fédérer…et c’est là que l’on retourne immanquablement aux rêves de phérine ; vous voyez, vous êtes normale…et c’est triste pour la planète.

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Re:

pherine1

24-11-03 à 02:22

Gamin, Vendredi... Maybe, mais on dira que je suis moins indulgente envers moi qu'envers les autres...
Ma Liloupop... Nous sommes tous confrontés tôt ou tard au même situation... Volonté, force et courage pour avancer. Epsilon... Oui, mais gardons toujours cet indicible espoir de faire un monde meilleur... De petites choses cumulées peuvent donner quelque chose de grand...

Je vous embrasse tous.

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